Mobilier de salon par Louis Moreau
Chaque siège présente une ceinture rectiligne et repose sur quatre pieds fuselés, six pour les canapés, aux extrémités rythmées de bandeaux unis en acajou, les pieds postérieurs légèrement placés en oblique. L’assise, cannée ainsi que le dossier, est ponctuée aux angles de dés de raccordement ornés de pastilles à double mouluration. Canapés et fauteuils sont chacun munis d’accotoirs légèrement courbes reposant sur des consoles d’accotoir en coup de fouet, dont la courbure accentuée et la sobriété contribuent sans conteste à l’élégance du dessin d’ensemble.
Cet ensemble est directement inspiré de la célèbre suite de 36 fauteuils que le Marquis de Marigny commanda à l’ébéniste Pierre Garnier pour la salle à manger de son hôtel particulier, place des Victoires et qui furent livrés entre 1778 et 1781. En raison des règlements des corporations d’artisans, rares sont les sièges fabriqués par des maîtres ébénistes au XVIIIe siècle. Quelques ébénistes de renom se sont toutefois essayés à cet exercice de style : Riesener, Canabas, Cosson, ou encore Stockel et Garnier. Le prestige des commanditaires semble avoir pu favoriser une dérogation aux règles des corporations. Ce modèle illustre parfaitement l’anglomanie telle qu’elle s’applique au mobilier français dans les années 1770. Il témoigne du goût de l’époque pour les sièges en acajou massif de premier choix et de la recherche d’une « noble simplicité ». L’économie des formes et la pureté des lignes sont admirables sur les sièges de notre mobilier.