Jeune faune et bacchante par Georges Jacquot (1794-1874)
Notre importante sculpture n’est autre qu’un des chefs-d ’œuvres de Georges Jacquot, présenté au Salon de 1833 (n°3262) et à l’Exposition Universelle de 1855 (n°4436). Sa taille, le soin et le raffinement apporté au traitement du marbre sont la marque d’une sculpture pour le Salon Cet élégant groupe de marbre blanc met en scène un jeune faune et une bacchante, aisément reconnaissables grâce à leur attributs, détails décoratifs traités avec une précision extraordinaire : couronnes de feuilles de vignes et raisins dans leurs chevelures, tambour et grappes, peau de bête habillant le faune… La composition recherche les lignes souples, la grâce de l’attitude naturelle. L’anatomie est bien observée, respectueuse des proportions du modèle vivant. Le modelé est rond, d’une grande subtilité à rendre les chairs, notamment dans la figure vue de dos. La sensualité qui s’en dégage est contenu par des références à l’antique dans les gestes et les traits du visage.
Ce sujet, tant dans la composition que dans le traitement du marbre, renvoie aux influences du néoclassicisme sensuel d’Antonio Canova (1757-1822) qui ont nourri l’œuvre de Jacquot. En effet pensionnaire en Italie entre 1820 et 1826, le sculpteur découvre les antiques, Rome et Canova, sources inépuisables d’inspiration. Le néoclassicisme dans la sculpture des années 1800-1830 est parcouru de courants multiples, proposant des interprétations divers et parfois contradictoires du modèle antique. Ainsi, le jeune faune penché sur la bacchante alanguie qu’il soutient, une main négligemment posée sur son sein droit, n’est pas sans rappeler la composition du chef-d’œuvre de Canova, L’Amour et Psyché, datant de 1798 (musée du Louvre, inv. M.R. 1176). L’influence et l’analogie se retrouve également dans le traitement délicat et idéalisé des corps.
Ainsi les figures de notre faune et de notre bacchante n’ont pas le sentiment fier et grave de l’Antique mais sont humanisés et participent à l’esthétique sensuelle général de l’œuvre, caractéristique de la modernité introduite par Jacquot.
Au Salon de 1833, Auguste Jal (1795-1873) écrira dans Les causeries du Louvre : salon de 1833 au sujet du groupe : « Du reste, M. Jaquot est un plus heureux dans une composition que vous allez voir là-bas : Un jeune faune caressant une Bacchante. – Oh ! Mais ceci est très bien, n’est-ce pas ? (…) La bacchante est assez voluptueuse ; le faune est ardent. La pose de la tête de la jeune femme, et cette tête elle-même, sont assez jolies. Le corps est agréable de détail ; celui du faune est encore mieux. »
Sculpteur récompensé ayant étudié dans un des deux grands ateliers de sculpture du premier quart du XIXe siècle, à savoir celui de François-Joseph Bosio (1768-1845), champion de l’esthétique néo-canovienne, Georges Jacquot est choisi pour participer à de grands décors tels que ceux du Palais du Louvre, de l’Arc de Triomphe ou de la place Stanislas à Nancy ou pour représenter Louis-Philippe en buste.