Rome, vue de la Villa Borgèse
Cette peinture révèle la virtuosité du rendu des contrastes de lumière dans l’œuvre de l’artiste : il s’agit de célébrer la beauté de la campagne italienne, et l’enthousiasme qu’elle suscite chez le promeneur, en même temps de dévoiler les nouvelles sensibilités « paysagesques » à l’œuvre dès cette époque. Celles-ci se traduisent par de nouvelles manières de voir et de retranscrire, par le biais d’un naturalisme exacerbé et d’une immédiate expérience, une plus grande attention portée à la lumière naturelle ainsi qu’aux manifestations atmosphériques, qui influencent plus tard la première visite de Jean-Baptiste Camille Corot à Rome en 1825 comme toute la filiation des artistes attachés à représenter ensuite les vues de plein air. Transparaît dans cet exemple de paysage champêtre l’importance de l’interaction par la réverbération de la lumière italienne avec la nature figurée et la structure architecturale traditionnelle des paysages classiques. De fait, c’est une dimension toute poétique, voire lyrique, qui émane du romantisme de la composition, inhérente à l’ensemble du tableau.
Artiste reconnu de ses pairs et par l’histoire, Chauvin n’en reste pas moins un artiste rare. Notre tableau par sa facture, son sujet et son état de conservation en est donc un formidable exemple de ces vues de la campagne italienne au tout début du XIXe siècle. Au début de son histoire, ce tableau a appartenu à Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853), l’un des architectes les plus importants du XIXe siècle et l’un des principaux praticiens du style néo-classique tardif de l’Empire.