Allégorie des Beaux-Arts par A. Perdereau (ca 1760-ca 1820)
Invitation à la rêverie, ce relief en terre cuite est un hommage aux Beaux-Arts et à la culture classique. Une effigie d’Athéna / minerve casquée côtoie un chapiteau ionique, une aiguière s’élève près d’un obélisque, le Torse du Belvédère domine la scène, et une amphore antique s’élève devant un temple grec modelé à l’image de ceux de Paestum. Cette composition triangulaire, fermée comme un rideau de scène par l’édifice, invite le regard à s’attarder sur le chaque objet.
Mille détails parsèment ce tableau en trois dimensions : des parchemins au premier plan, l’équerre et le compas d’un architecte, le ciseau d’un sculpteur, un rinceau qui s’enroule autour de l’amphore, une couronne de laurier sur le casque de Minerve, une guirlande sur l’aiguière.
Véritable morceau de bravoure, le Torse du Belvédère est finement sculpté en méplat et rend à la perfection l’impression des trois dimensions. Le souci du détail et le modelé si chatoyant de l’aiguière et du chapiteau, contrastent volontairement avec la sévérité sacrée du temple à l’arrière plan et accentuent la puissance décorative de la représentation.
Cet hommage à la Rome antique se nourrit des multiples gravures qui circulaient depuis le XVIe siècle, mais permet également de supposer un voyage. La frénésie qui s’empare de la province depuis la découverte d’Herculanum en 1738 et de Pompéi dix ans plus tard, attire les artistes, collectionneurs et savants de toute l’Europe et font de Rome une ville cosmopolite, où se juxtaposent les ruines antiques, les réalisations baroques les plus fastueuses et la modernité d’un Canova.
Au-delà de son aspect décoratif, tel un tableau modelé dans la terre cuite, cette œuvre peut être lue comme une déclaration esthétique. La révérence à l’Antiquité égyptienne et gréco-romaine, que le néoclassicisme érige en modèle absolu et indépassable, ferme l’arrière-plan et domine la composition. Le trait est cependant plus fin, presque gracile, et s’efface dans un effet de perspective au profit du premier plan occupé par des créations contemporaines. L’aiguière est de style Louis XVI, la Minerve si joliment façonnée est typique de la sculpture du XVIIIe siècle, le chapiteau ouvragé enfreint toutes les règles antiques. L’artiste moderne se pose ainsi en héritier des Anciens, dont il s’inspire pour créer un style nouveau. Symbole de la rivalité admirative des artistes du nouveau siècle envers l’Antique, ce relief est aussi l’écho d’un nouvel Age d’Or artistique.