Orphée et Eurydice attribué à Augustin Carrache (1557-1602)
Remarquable par sa composition picturale, son modelé raffiné et son canon féminin légèrement archaïque, ce bas-relief en terre cuite représente le poète Orphée et son amante Eurydice aux Enfers. Cette identification est rendue possible grâce à une estampe réalisée d’après un dessin d’Augustin Carrache à Bologne, peu avant son départ pour Rome.
Notre bas-relief est donc un témoignage rare et exceptionnel de la pratique de la sculpture par Augustin Carrache, ainsi que des échanges que les Carrache souhaitaient mettre en place entre les arts. La gravure fit une impression durable sur les artistes, comme en témoignent un plat en majolique du XVIIe siècle, un groupe sculpté de Camillo Pacetti (1758-1826) ou encore un petit tableau du Gabrielli Giulio (1832-1910), peintre italien du XIXe siècle. Toutes ces œuvres sont inversées par rapport à la gravure originale, donc toutes ont été réalisées d’après des copies de cette gravure.
En effet, aucun artiste n’aurait pris le risque de copier littéralement l’œuvre d’Augustin Carrache pour en faire commerce sans son accord et de subir ainsi son courroux ni celui de sa famille ou de ses mécènes. Les dessins et gravures d’Augustin, en particulier les Lascivie, furent une source d’inspiration essentielle aux Carrache, notamment pour leurs fresques du Palais Farnèse. Leur renommée et leur position dominante dans le milieu artistique romain et du Nord de l’Italie, à travers leur académie comme à travers leurs mécènes, faisaient leur célébrité autant qu’elles les protégeaient. En revanche, les artistes pouvaient librement réaliser des études et des œuvres inspirées des originaux ; notre terre cuite montre une telle fidélité à la gravure qu’elle ne peut entrer dans aucune de ces deux catégories.
Notre Orphée et Eurydicede terre cuite marque un tournant dans l’art du bas-relief, qui ne se veut plus une simple scène sculptée mais une composition picturale, indépendante et décorative.