Sainte Catherine portée par les anges au Mont Sinaï
Selon La légende dorée de Jacques de Voragine, sainte Catherine naît à la fin du IIIe siècle dans une noble famille d’Alexandrie. Son père, le roi Costus, lui offre une instruction des plus raffinées si bien que très jeune, elle brille par ses dispositions philosophiques, sa sagesse et son éloquence. Son refus d’abjurer sa foi chrétienne devant cinquante docteurs et de se marier à l’Empereur la condamne à mort. Après son martyr, les anges enlèvent son corps et le portent jusqu’à sa sépulture située sur le mont Sinaï.
Des Flandres à l’Italie, le culte de sainte Catherine revêt une grande importance soit comme épouse mystique du Christ, soit pour le miracle de la translation de son corps par les anges. Dans notre relief, la sainte est coiffée d’une couronne afin de rappeler sa qualité de princesse d’Alexandrie ; un angelot apporte une couronne de roses, symbole de sainteté, un autre tient la palme du martyr. Enfin, le palmier qui encadre à gauche la composition rappelle les paysages d’Égypte tandis que le tombeau est représenté sur la droite.
La proximité stylistique de notre relief de marbre avec l’art de Nicolas Mignard (1606-1668), peintre académicien né à Troyes qui effectua la majeure partie de sa carrière entre Aix et Avignon, avec celui de Jean Daret (1613-1668), peintre né à Bruxelles qui s’installa à Aix-en-Provence, et avec celui de Pierre Pavillon (1612-1670), sculpteur et architecte né à Paris qui vécut à Rome et se fixa en Provence, tient de ce que le Sud de la France est un centre artistique important dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Passage obligé pour les artistes souhaitant se rendre en Italie, la Provence est aussi une région artistiquement riche et très active. Les hôtels particuliers, refuges urbains de la haute société aixoise, les palais municipaux, les châteaux qui parsèment la campagne et les nombreuses églises, chapelles et basiliques aux décors chargés sont autant de sources potentielles de commandes pour les artistes.
Le sculpteur de notre bas-relief connaissait tant l’art en vogue à la cour de France que les tropismes stylistiques provençaux. Peut-être est-ce une œuvre à rattacher au corpus de Pierre Pavillon, réputé pour son maniérisme tardif tempéré par l’imitation de l’antique. Figure dominante à Aix et sa région dans les années 1660-1670, il reçut un nombre important de commandes et collabora avec Jean Daret. Or, dans sa composition comme dans son exécution, notre relief est l’exemple brillant du dialogue entre les arts qui se tient dans la France de la seconde moitié du XVIIe siècle.