Tête de femme arabe par René de St-Marceaux (1845-1915)
Exact contemporain d’Auguste Rodin (1840-1917), René de Saint-Marceaux (1845-1915) a vécu une période artistique en pleine expansion et en renouvellement total, en peinture avec le mouvement des Impressionnistes et en sculpture avec la rupture incarnée par Rodin. Les deux hommes ont collaboré puis se sont éloignés dans leurs recherches respectives. Tous deux ont profité du contexte favorable à la statuaire. Sculpteur talentueux, René de Saint-Marceaux est représentatif des artistes de salons de la IIIe République qui multiplient les concours et recherchent les honneurs.
L’acquisition par l’État de La Jeunesse de Dante au Salon de 1868 lui apporte notoriété et commandes tandis qu’en 1880, L’Arlequin assoie définitivement sa réputation. Il se tourne résolument vers la réalisation de monuments pour l’espace public et satisfait de nombreux collectionneurs privés.
Sa carrière est toute en surprises, revirements inattendus, paradoxes. Récompensé pour sa production plutôt classique, il n’est pourtant pas conformiste et est en constante recherche de nouvelles idées, d’évolution technique ou de nouvelles inspirations. Sensible à la Renaissance italienne comme les Néo-Florentins, il multiplie les voyages en Italie et se confronte à l’ailleurs, à l’Orient en particulier, qu’il découvre lors de voyages en Espagne et en Afrique du Nord entre 1874 et 1879 ; notre sculpture en est ainsi le fruit.
Cette tête de femme arabe s’inspire du type de la Danseuse arabe, son grand chef-d’œuvre, présenté au Salon de 1886 dont le musée des Beaux-Arts de Reims conserve une majestueuse version en pierre (fig. 1). Dès 1888, l’artiste en synthétise l’expression dans des têtes et masques afin d’en souligner la forte intériorité ; yeux clos, bouche finement modelée, ovale du visage élégamment dessiné traduisent la beauté, la douceur et la sérénité que lui inspire l’Orient. Cette expression et cette quête du spirituel typique de cette fin de siècle nous évoque la toile du peintre symboliste Odile Redon, Les Yeux clos, de 1890.
Notre sujet fut exploré à plusieurs reprises par Saint-Marceaux et par diverses techniques : le plâtre, la pierre ou la terre cuite.