Vase en porphyre monumental
Vase en porphyre monumental aux dimensions exceptionnelles, provenant de la manufacture royale de pierres dures de Älvdalens. La manufacture d’Älvdalens fut un lieu important de production d’objet d’art en pierres dures au début du 19ièmesiècle.
Cet élégant vase en porphyre suédois de forme ovoïde présente une riche monture en bronze ciselé et doré ; les anses, terminées par des têtes de bélier, sont fixées sur la panse du vase par des mascarons. La partie inférieure est décorée de feuilles d’eau et repose sur une base ronde à piédouche, terminée par un socle carré. Le raffinement de ce vase est à la hauteur de son ancien propriétaire, le baron Robert Marguerite Tascher de la Pagerie, oncle de l’Impératrice Joséphine.
Les gisements de porphyre suédois ne furent découverts que fort tardivement en comparaison aux gisements égyptiens, exploités depuis l’Antiquité. Les empereurs romains s’emparent de cette pierre pour en faire un emblème d’autorité et de suprématie mystique. De nombreux monuments impliquent alors l’utilisation de porphyre, comme la colonne de Constantin à Istanbul. De même, le porphyre étant une pierre extrêmement difficile à tailler, les plus grands empereurs romains commandèrent des bustes à leurs effigies, comme vestige éternel de leur gloire. Durant la Renaissance, les carrières égyptiennes commencèrent à s’épuiser, ce qui imposa aux artistes de réemployer des pièces de porphyre déjà utilisées. Ce fut principalement le cas à Rome, où l’usage du porphyre était très apprécié.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que l’on découvre de nouvelles ressources en Russie mais surtout en Suède, à partir de 1731, dans la vallée de l’Älvadalen. De nombreuses manufactures ouvrent alors sur les lieux d’extraction. On pense dés les années 1788 à enregistrer et répertorier les formes de vases dans le but d’affirmer l’identité suédoise lors d’échanges commerciaux et diplomatiques. L’esthétique particulière donnée aux vases en porphyre de cette époque est reconnaissable dans les dessins de l’architecte Carl Fredrik Sundvall, dont le travail fut suivi par l’ensemble des manufactures. Les listes de prix conservées dans les archives de celles-ci permettent de constater l’engouement pour les formes pures et élégantes où le travail du bronze reste extrêmement léger et discret. Le porphyre suédois devient reconnu en Europe, suite au voyage en Italie du Roi de Suède Gustave III (1746-1792) et sous l’impulsion de Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), pair de France et futur Roi de Suède et de Norvège, respectivement sous les noms de Charles XIV Jean et Charles III Jean. Il n’hésite pas à ouvrir une voie d’échange entre la Suède et la France, pour que les artisans français travaillent cette matière dans le goût empire.
L’une des plus belles réalisations en porphyre suédois reste le cadeau du Roi Charles XIV de Suède au Tsar Nicolas Ier (1796-1855), un vase monumental entièrement réalisé en porphyre suédois et placé actuellement au Jardin d’été, à Saint Petersbourg, depuis 1839. Ce vase possède également une panse ovoïdale et un col très haut, comme le notre. Selon la tradition familiale notre vase aurait été offert par Jean-Baptiste Bernadotte à la famille de Monsieur Robert-Marguerite de Tascher de la Pagerie (1760-1806).