Cartel
Le modèle de ce cartel fut dessiné en 1728 par le marquis Henri-Camille de Beringhen (1693-1770), premier écuyer du Roi, qui le destinait à être placé au chevet du lit de Louis XV à Versailles. Pour ce faire, il demanda à Nicolas Le Sueur, maître fondeur et marchand à Paris, d’en exécuter la caisse doré d’or moulu, et à Julien II le Roy (1686-1759, maître en 1713), probablement le plus célèbre horloger français du XVIIIe siècle, d’en établir le mouvement à répétition par tirage. Julien Le Roy avait pour habitude de choisir librement les caisses et les boîtiers destinés à accueillir ses mouvements, sauf si, comme dans le cas présent, le client imposait son goût. Les dessins fournis par Beringhen furent d’ailleurs appréciés par l’horloger : « il a si bien réussi qu’elle [la caisse] a été généralement approuvée et admirée, tant par les connaisseurs que les gens de bon goût ».
En bronze ciselé et doré, couronné d’une figure symbolisant le Point du Jour assise sur une volute asymétrique environnée de nuées, le cartel présente en son centre un cadran circulaire émaillé blanc, signé BASTIEN A PARIS, à chiffre romains pour les heures et arabes pour les minutes. Il est flanqué de deux larges volutes festonnées, et est souligné d’une petite ouverture en ‘V’ permettant d’apercevoir partiellement le balancier. La partie inférieure du cartel montre deux angelots placés de manière asymétrique, eux aussi sur fond de nuées.
Le cartel de Louis XV fut achevé en 1734. Le succès rencontré par celui-ci conduisit Nicolas Le Sueur à le rééditer à plusieurs reprises, notamment pour le compte de Monsieur Bonnier de la Mosson, l’un des plus fameux collectionneurs de son temps. Plusieurs cartels similaires sont ainsi aujourd’hui répertoriés présentant des mouvements fournis par des horlogers différents. Le nôtre est le seul connu à être signé Bastien.