Femme assise au manteau rouge
Malgré sa disparition prématurée à l’âge de trente-huit ans, Walter Sauer marque profondément la scène artistique belge puis internationale de la première partie du XXe siècle. Ce natif de Bruxelles suit les cours de Constant Montald (1862-1944), très tôt attiré par la peinture de grands décors. Dans les années 1905-1910, Walter Sauer n’est qu’aux balbutiements de sa véritable personnalité artistique, mais sa technique impressionne et il accumule les premiers prix, notamment en composition décorative.
1911 sera pour lui l’année des voyages et des découvertes, il traverse la France, la Provence, puis se rend en Italie. Il se lie d’amitié avec le sculpteur Victor Rousseau (1865-1954) qui influence profondément le jeune Sauer, et l’initie notamment à l’art oriental. De constitution fragile, Walter Sauer se doit d’abandonner la peinture décorative, pour se consacrer exclusivement au dessin. On peut aisément imaginer que les échanges de Victor Rousseau avec Sauer ne sont pas étrangers à la manière nouvelle que le dessinateur va développer au cours des années 1920. En effet, Sauer va élaborer un nouveau mode d’expression. Il appose dans les fonds de ses dessins des feuilles métalliques, généralement d’or ou d’argent, qui provoquent un contraste très fort avec la figure principale, le plus souvent une femme ; thème fondamental de son œuvre. Il accentue encore davantage le contraste en cirant la feuille de papier laissée en réserve avec de la cire d’abeille pour donner à la peau de ses personnages une teinte semblable à l’ivoire. Ainsi les femmes auxquelles Walter Sauer donne vie par ses dessins, se détachent de leur support, pour saisir le spectateur par la vérité du sentiment qui leur est insufflé, parfois contemplatives, espiègles, ou encore cruelles.
Notre dessin est un formidable exemple de cette technique si singulière. Ce fond sculpté, patiné, brisé, presque vivant, contraste merveilleusement avec l’acuité de l’artiste, la précision de sa ligne et les magnifiques variations dans les carnations du modèle ; dont le regard et le sourire malicieux contribuent à faire de ce dessin l’un des plus frappant de la production de Walter Sauer.