Bureau en noyer incruste de pierres dures et semi-précieuses
Ce bureau en noyer présente un plateau rectangulaire incrusté d’une mosaïque de pierres dures losangées réparties en quatre rectangles interrompus par un médaillon central (Tortosa Brocatello, Bardiglio, Carrara, Sienna, Verde Antico, jasper, Agate and Lapis-Lazuli). Chaque secteur est bordé de marbre de Sienne ponctué d’une fleur aux quatre coins. Le médaillon central, de forme ovale, est orné d’une nature morte figurant un collier de perles entremêlé d’un ruban bleu en lapis-lazuli. Un papillon vient compléter le trompe-l’œil.
Le décor de losanges en pierres dures soulignés de marbre de Sienne et de fleurs se répète en façade et sur les côtés. Cinq tiroirs portent également cette mosaïque qui dissimule les entrées de serrure. Les pieds fuselés sont incrustés de marbre de Sienne interrompu par un carré de lapis-lazuli.
L’emploi de la pietra dura est caractéristique de l’Italie centrale depuis le XVIe siècle. De Florence à Naples, les ébénistes ont agrémenté le mobilier d’apparat de pierres semi-précieuses aux couleurs chatoyantes. Les formes géométriques simples aux proportions harmonieuses employées dans ce bureau reflètent le goût néoclassique de la fin du XVIIIe siècle. Ces lignes sobres, laissant la place au décor de marqueterie, sont caractéristiques des ateliers napolitains.
Le thème du médaillon central, orné d’un ruban bleu, d’un collier de perles et d’un papillon, provient d’une table donnée par Ferdinand II de Médicis, grand-duc de Toscane (1610-1670) au cardinal Antonio Barberini (1607-1671), neveu du pape Urbain VIII (1568-1644). Par son origine prestigieuse, cette iconographie devint un canon du vocabulaire ornemental italien. Elle se retrouve dans plusieurs meubles et objets d’apparat, notamment dans deux plateaux de table conservés au Palazzo Pitti de Florence, l’un réalisé vers 1715, l’autre vers 1850, et dans un plateau en argent conservé à l’ancien palais impérial des Habsbourg, à Vienne, réalisé au milieu du XVIIIe siècle.