Eruption du Vésuve
« Peindre avec sentiment » des plaines du Latium à la baie de Naples, de la douceur d’un ciel après la pluie, à celui plongé dans les ténèbres d’une nuit embrasée, c’est à la poursuite du Sublime que Simon Denis s’est élancé tout au long de sa vie. Son œuvre, dans son ensemble, pourrait être considéré comme une ode à la Nature, modèle absolu de ses inspirations. Théorisé au IIIe siècle ap. J.-C. par Longin, premier auteur à considérer que le « sublime » n’était pas seulement un instrument rhétorique de persuasion, le terme est de nouveau étudié au XVIIIe siècle. Relevant d’une esthétique du choc, il suscite chez celui qui l’expérimente une sorte de « terreur délicieuse », à la différence de la douceur que l’on ressent devant le beau. Plus que visuelle, c’est une expérience quasi philosophique à laquelle l’homme est invité. Simon Denis, dans l’une de ses notes, écrivait : « On devient bien petit et modeste quand on comprens [sic] la Nature » (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2000-A.77.). C’est cela même qu’il illustre, plaçant l’homme face à ses limites et sa perte de contrôle d’une nature qu’il essaie depuis toujours, de dompter. Dans la mise en scène des efforts vains de ces paysans, meus par le désespoir, sans clairvoyance aucune, le peintre renvoie l’homme à ses peurs primaires de la mort, de la souffrance et de son impuissance à ne pas s’y confronter. Renouvelant tout à la fois la tradition des vedute et du paysage classique, la thématique choisie est également symptomatique de l’intérêt scientifique au Siècle des Lumières pour les volcans, phénomène naturel seulement perçu au prisme de superstitions et croyances populaires.
Nous remercions Valentina Branchini, spécialiste de l’artiste, d’avoir confirmé l’authenticité de l’oeuvre.