La Novice par Jean-Joseph Carriès (1855-1894)
« Evocation sentimentale pure ». C’est ainsi qu’Arsène Alexandre, ami de Jean-Joseph Carriès et auteur d’un des premiers livres sur son œuvre, catégorisait et appelait La Novice. En effet cette gracieuse et mystérieuse sculpture en cire n’est autre que le portrait d’Agnès Carriès, la jeune sœur de l’artiste dont il était si proche. Il était notoire qu’une photographie de la petite fille ne quittait jamais le sculpteur.
En 1876, Carriès est rappelé en hâte à Lyon par la Mère Callamand pour faire le portrait de sa sœur qui se mourait à 18 ans de la tuberculose sous le voile de la novice, à l’orphelinat de Saint Jean. Il modèle ainsi son buste afin de saisir la grande beauté et l’innocence d’Agnès et d’en faire plus tard une œuvre en sa mémoire, notre Novice. Si l’on se penche sur le style et la conception même, on voit, on sent tout d’abord que ce n’est pas un art de copie et de réalité, mais un art d’interprétation et de souvenir. Il émane d’une pensée intérieure très forte, et non pas d’une sensation extérieure et superficielle. Carriès vit passionnément chacune de ses œuvres.
Cette cire, la dernière encore détenue en mains privées, est donc tout fait inédite et exceptionnelle. Elle fit partie de la plus importante exposition du vivant de l’artiste, tenue au salon de ses célèbres mécènes : Les Menard-Dorian. Ayant réalisé la majeure partie de ses sculptures entre 1880 et 1888, cette exposition ferme une période, avant de se lancer dans les grès et autres recherches.
De cette cire découle 3 sculptures en grès dont celle aujourd’hui conservée au Petit Palais et réalisé en 1893 dans son atelier de Montriveau.